Risque client et Covid 19

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La crise économique consécutive à la crise sanitaire du Covid 19 se distingue de toutes celles que nous avons connues auparavant. Jamais des pans entiers de l’économie n’avaient été mis à l’arrêt brutalement dans l’histoire moderne.

Le premier effet a été de réduire l’activité économique de l’ordre de 40%, avec un taux très variable en fonction des secteurs d’activité. Ainsi, le BTP accusait une baisse de 90% alors que de rares secteurs comme le numérique ou le commerce en ligne bénéficiaient d’une certaine stabilité voire d’une progression.

Cependant, la mise sous cloche de l’économie ne génère pas dans un premier temps de défaillances massives d’entreprises.

Les aides d’État, à travers le chômage partiel qui a concerné jusqu’à 10 millions de salariés en France (soit plus de la moitié des salariés du privé !), les emprunts garantis et les reports de charges ont eu un effet amortisseur très important.

Une entreprise peut virtuellement être en cessation de paiement mais la prise en charge ou le report d’une grande partie de ses charges par l’État masque cette réalité jusqu’à la fin de ces mesures temporaires.

Si la crise est en « V », chute brutale puis rebond aussi puissant qu’a été la chute, il est probable qu’une grande majorité parviendra à étaler et absorber le choc.

Le problème vient de la forte probabilité que la reprise sera plus lente et semée d’embuches avec un format de crise en « V renversé ».

Sans un retour à une activité d’un niveau comparable à avant le confinement, une entreprise devra à la fois trainer le boulet financier de deux mois sans chiffre d’affaires (les aides extérieures ne couvrent qu’une partie des charges), et d’une baisse importante de revenus sur les mois qui vont succéder à cette période. Beaucoup ne pourront pas faire face à cette double peine sans un soutien durable en liquidités.

Une entreprise vendant à d’autres entreprises et subissant une forte baisse de chiffre d’affaires peut dans un premier temps voir sa trésorerie s’améliorer ou au moins se maintenir. Cela semble paradoxal mais est simplement consécutif à un effet de décalage.

En effet, les baisses et reports de charges sont quasi immédiats alors que la baisse des encaissements en provenance des clients sera décalée de 60 jours en moyenne (avec une gestion active et efficace du recouvrement).

En revanche, l’effet boomerang sera violent car deux mois plus tard, les encaissements baisseront en proportion de la baisse de chiffre d’affaires, alors que les charges reviendront à leur niveau habituel.

Quelles conséquences dans la gestion du risque clients ?

La grande particularité de cette crise est sa soudaineté. Une entreprise solvable avant le début du confinement peut être à l’agonie quelques mois plus tard. Autant dire que si vous définissez une limite de crédit et des conditions de paiement sur la base du bilan 2019 qui vient tout juste d’être publié, vous risquez fort de passer à côté de l’essentiel.

Face à ce risque de détérioration extrêmement rapide, il est indispensable de changer d’approche afin d’avoir une perception réaliste de la situation financière de vos clients et d’effectuer vos choix en connaissance de cause.

Pour cela, comptez avant tout sur vous-même et les informations et les déductions que vous pouvez effectuer.

En effet, les fournisseurs d’informations financières  accuseront un temps de retard au moins pendant un certain moment. Aucun algorithme n’est capable d’évaluer en détail les effets de cette crise qui sont différents pour chaque secteur mais surtout pour chaque entreprise.

Quant aux assureurs crédit, ils sont dans l’obligation de restreindre massivement leurs engagements en réalisant de grandes coupes dans les garanties accordées, et ce, avec peu de possibilités de faire du cas par cas. L’information récoltée à travers du montant de la garantie perd ainsi de sa qualité.

Engagés sur des centaines de milliards d’euros, les assureurs crédit ne pourraient supporter un taux de défaillance ne serait-ce que d’1% de la somme des garanties accordées. Il est donc naturel qu’ils se rétractent durant ces périodes de fortes incertitudes et de risques croissants. Eux aussi doivent survivre à la crise.

L’enquête – garantie ou non – parait être pertinente dans ce contexte. En effet, elle se base sur un rapport financier poussé qui a été réalisé par un analyste crédit expert disposant de sources d’informations spécifiques et complémentaires.

Les informations obtenues en direct auprès des clients via les actions de relance téléphoniques notamment et le suivi de leur comportement de paiement avec votre entreprise sont les premiers indicateurs à prendre en compte car ils sont les plus immédiats, spécifiques et les plus factuels.

Les éléments les plus importants à connaître, afin d’évaluer la pérennité d’une entreprise au fil des semaines et des mois, sont les suivants :

  • la situation nette en trésorerie avant le confinement
  • les emprunts de financement de l’activité obtenus (soutient de l’Etat et/ou des partenaires bancaires)
  • le secteur d’activité et le taux de pertes de chiffre d’affaires durant le confinement
  • les encaissements en provenance des clients (impayés éventuels + délai réel constaté)
  • le montant des charges fixes
  • le taux de reprise suite au déconfinement
  • la perception du client quant à son environnement de marché
  • ses perspectives CT et MT

Au niveau macro-économique, il est probable que la hausse des défaillances soit importante surtout à partir de la rentrée de septembre.

Conclusion

L’évaluation de la solvabilité d’une entreprise à court et moyen terme est indispensable à toute gestion du risque efficace.

Les périodes de crise forte accroissent les risques d’impayés même si ceux-ci peuvent être réduits significativement en fonction des conditions et modes de paiement accordées et des garanties obtenues.

Il convient à chaque entreprise de définir la part de risque qu’elle accepte de prendre avec chaque client en appliquant sa stratégie de credit management qui doit d’être repensée et adaptée à la situation.

Le plus important est de faire des choix en pleine connaissance des risques encourus et en fonction des objectifs et des capacités de son entreprise à absorber un certain niveau de risque client.

Ainsi, l’analyse effectuée peut amener aussi bien à exiger des conditions de paiement très contraignantes qu’à la mise en place d’un accompagnement visant à aider son partenaire à surmonter cette phase difficile.

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